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Conclusions

Chaque année, plus d’un individu sur mille bénéficie d’une intervention cardiaque en Europe, en Amérique du Nord et au Japon. Dans les pays émergents comme l’Inde, la Chine ou le Brésil, l’accès à la chirurgie cardiaque se démocratise progressivement, surtout dans les grandes villes. De plus en plus d’anesthésistes sont donc confrontés à ce type d’intervention dans leur bloc opératoire. L’anesthésie pour la chirurgie cardiaque demande de bien comprendre les phénomènes cardiologiques en jeux, la physiopathologie de la CEC, les effets hémodynamiques de l’anesthésie et la pharmacologie cardiovasculaire. Dans une salle de cœur, l’anesthésiste se trouve au centre d’une équipe multidisciplinaire qui enrichit considérablement son quotidien. Grâce notamment à ses prestations en échocardiographie transoesophagienne, il participe de plus en plus aux décisions thérapeutiques peropératoires. La gestion de l’anesthésie, de la chirurgie et de la perfusion de CEC réclame une coordination et une communication constantes entre les membres des différentes spécialités impliquées en salle d’opération. Le respect des protocoles est capital pour la cohésion de la prise en charge du patient, particulièrement dans les moments de stress. La fragilité hémodynamique des malades fait qu’un incident est possible à tout moment, ce qui réclame de l’anesthésiste une vigilance et une anticipation de chaque instant.
 
Beaucoup de malades de chirurgie cardiaque présentent un status hémodynamique gravement compromis et nécessitent une prise en charge anesthésique très lourde (monitoring invasif, médication préemptive, techniques d’assistance, etc). Toutefois, ceci n’est pas une raison pour étendre cette maximalisation à tous les patients en la transformant en routine. En effet, ce qui est bon pour les cas graves ne l’est pas forcément pour les cas simples, et peut même péjorer leur pronostic. Les exemples du cathéter de Swan-Ganz et du béta-blocage préopératoire démontrent bien que des techniques ou des médicaments utiles dans des situations à risque élevé deviennent néfastes dans des situations où le risque est faible. Il est donc capital de savoir raison garder et d’ajuster la prise en charge aux besoins de chaque patient particulier. Lorsque la situation est ambiguë, par contre, il est préférable de pécher par excès que de sous-évaluer le danger. 



© CHASSOT PG, BETTEX D, MARCUCCI C, Septembre 2010, dernière mise à jour, Décembre 2018
04. Spécificités de l'anesthésie pour la chirurgie cardiaque